Julien Solé


Julien sole artiste

Pays : France
Ville : Marseille
Né en : 1974
Supports et techniques : aquarelle et gouache sur papier chinois, sur archives – acrylique sur orgonza –
rouleaux dessinés – fresques de pages de livres –
huile sur toile

En 1999, à la fin de ses études d’ingénieur (Polytechnique, Eaux et Forêts), Julien Solé part en voyage et se met sérieusement à dessiner. Il s’installe à Marseille mais continue à faire des allers retours entre l’Orient et la France. Ce qu’il dessine ? Les visages, les postures, les villes et leurs accumulations. ll remplace peu à peu les carnets et les feuilles par des supports moins conventionnels : des rouleaux qu’il installe sur des machines à manivelle, des pages de livres et d’archives qui racontent l’histoire du lieu et qu’il assemble pour former d’immenses fresques, comme celle de la Bibliothèque d’Alexandrie (2010). Il a été invité pour créer des expositions et des installations aux Instituts Français de Fès, d’Addis Abeba et d’Alexandrie, ainsi qu’aux Salons du livre de Perpignan et de Beyrouth.

PARCOURS & EXPOSITIONS

  • 2019 : « Je voudrais un café », Institut Français d’Egypte, Alexandrie
  • 2019 : exposition personnelle, Galerie Conil, Tanger, Maroc
  • 2018 : « Vues de Tanger », Centre Culturel Egyptien, Paris
  • 2017 : « Cafés d’Egypte », Centre Culturel Egyptien, Paris
  • 2016 : « Stèles Désorientées », Institut Français d’Egypte, Alexandrie
  • 2013 : “La Porte de Sebeel “, une fresque de village au Liban
  • 2012 : résidence à l’Institut Français de Beyrouth et réalisation d’une mosaïque de pages de livres pour le Salon du livre de Beyrouth
  • 2011 : installation “Alexandrie aux archives" dans le cadre de la remise du prix Méditerranée, Perpignan
  • 2010 : réalisation d’une fresque pour la Bibliothèque d’Alexandrie, Egypte
  • 2004 : parution du livre « Alexandrie, sous tes voiles » (Harpocrates, Alexandrie)
  • 1994-96 : Ecole Polytechnique

Rencontre avec Julien Solé

Comment êtes-vous devenu artiste ?
De passage à Bénarès, je fus comme tout un chacun hypnotisé par le spectacle du Gange, où se mélangent des animaux, des enfants, des fleurs et des cadavres. A ce moment-là je fis une série de portraits d’ascètes. A l’époque je ne savais rien de la culture indienne et je ne savais pas dessiner. Pourtant ces portraits avaient quelque chose d’habile et de véridique, qui n’était pas de mon fait. L’artiste n’est qu’un prisme plus ou moins aiguisé, plus ou moins opaque, traversé par l’émanation magique d’un lieu. Sans être d’aucune religion, je crois au pouvoir de cet esprit-là, je le recherche et je le redoute. C’est l’Esprit du lieu qui donne à l’artiste même maladroit la possibilité d’accomplir une œuvre tout à fait au-dessus de ses moyens. C’est l’Esprit du lieu encore qui le plonge l’instant d’après dans l’incapacité de faire quoi que ce soit. Par la suite, à travers des voyages, j’ai cherché à m’extraire d’un environnement qui ne me disait rien, qui m’empêchait de travailler, à la recherche de lieux plus favorables, où je pourrais capter un peu de leur essence lumineuse, pour essayer de la transmettre sur le papier.

Comment définiriez-vous votre univers ?
Un visiteur de ville, sans ordre de mission : cette accumulation de dessins et de notes, à qui et à quoi pourra-t-elle bien servir ? Moi-même je n’en sais rien. Je ne sais pas si c’est de l’art ou de la manie, du bricolage ou de la science. Si ces fragments que je m’efforce de produire et d’accumuler sont une représentation un peu fidèle de quoi que ce soit : d’un sentiment que j’ai eu ou d’un pays qui existe peut-être.

Quel artiste (mort ou vivant) aimeriez-vous rencontrer ?
A quoi bon ? Les artistes qui ont atteint quelque chose (morts et vivants) ainsi que leurs œuvres accomplies sont disponibles au-delà du temps et de l’espace. Les œuvres même reproduites nous transmettront tout ce qu’il faut, pour peu qu’on sache les voir.

Pouvez-vous partager avec nous une anecdote artistique ?
NU : Premiers cours de dessins à l’Ecole d’ingénieur. J’étais littéralement paralysé à la vue de cette femme nue, allongée sur une estrade à quelques pas de moi. Après une adolescence sans doute plus studieuse que la moyenne, deux années d’internat et une année en caserne, cela avait de quoi surprendre. C’était à la limite du réel, et en plus il fallait essayer de la dessiner. Un étonnement qui ne tenait pas tant du désir que d’une vérité qui m’était révélée d’une façon soudaine et excessive ; comme si j’avais été longtemps maintenu dans une pièce sombre et qu’on m’avait d’un coup projeté dans la lumière. Cet éblouissement, je l’ai souvent perdu, je l’ai cherché en voyage, et retrouvé parfois devant des motifs bien différents.